Historiquement, la qualité de vie et les conditions de travail reste une innovation récente dans les relations socio-professionnelles françaises. Fruit d’un long cheminement, elle demeure un sujet d’actualité, notamment au sein de la CDC… Petit tour d’horizon historique.
o Les fondements du concept de qualité de vie au travail (QVT) émergent dans les années 5O.
Le Tavistock institut of London est créé en 1946 par Fred Emery et Eric Trist. Il réunit des psychologues et des sociologues mettant en lumière les problèmes du travail dans les organisations et les limites du taylorisme : aliénation, déqualification, monotonie (…) et à terme un impact négatif sur la productivité. La QVT met en évidence la nécessité pour une entreprise d’articuler convenablement les dimensions humaines, sociales et techniques du travail.
o Différents courants émergent de ces recherches.
Le monde anglo-saxon appuie la QVT dans une perspective individuelle, intégrant les dimensions organisationnelles du poste de travail et de la santé au travail. Le terme QVT trouve d’ailleurs sa source, lors d’une conférence à New York en 1972.
L’approche scandinave, via notamment, les travaux du National Institute of Working Life de Suède mise plutôt sur l’importance du collectif, avec des équipes semi autonomes, et sur la participation des salariés, non seulement sur l’activité mais aussi sur les orientations stratégiques de l’entreprise (représentants, partenaires sociaux…).
La France situe son chemin entre ces deux voies ; critique du taylorisme, puis une approche plus sociotechnique et, enfin, une prise en charge des grands risques professionnels.
o Le tournant des années 2000.
L’approche limitée aux seuls risques sera remise en question dans les années 2000. La nécessité de prendre en compte des questions de santé mentale et de « nouveaux risques » multi-causaux et à effets différés est mise à jour. Bienvenue aux RPS, TMS, et CRM ! Comprenez Risques Psycho-sociaux, Troubles Musculosquelettiques et produits chimiques Cancérigènes, Mutagènes et Reprotoxiques.
Le terme QVT apparait dans des accords d’entreprises. Un Accord National Interprofessionnel (ANI), donne ainsi, en juin 2013, une définition commune aux partenaires sociaux : les conditions dans lesquelles les salariés exercent leur travail, leur capacité à s’exprimer et à agir sur son contenu déterminent la perception de la qualité de vie au travail.
Un nouvel ANI « Pour une prévention renforcée et une offre renouvelée en matière de santé au travail et conditions de travail » est signé le 9 décembre 2020 et prend le relais. Les partenaires sociaux ont ajouté la notion de « conditions de travail » à l’intitulé QVT afin de lever toute ambigüité : c’est bien l’amélioration du travail et des conditions dans lesquelles il est réalisé qui doit être au cœur des démarches QVCT. Massage, sport, fruits et légumes, ruches, aménagement, décoration des bureaux, table de ping-pong placée dans une salle de réunion peuvent certes présenter un intérêt, mais ne permettent pas d’améliorer durablement les façons de travailler ni de donner du sens au travail…